la solidarité ne peut être sélective

Nous ne nous abstiendrons pas sur ce vote parce que nous pensons que ce qui est fait aujourd’hui auprès de la population rom résidant sur Montreuil aurait du être fait depuis longtemps.

Une longue tradition de solidarité a balisé l’histoire contemporaine de notre ville. Cette tradition ne peut pas s’arrêter quand la population rom se présente à nos portes.

Non ne pouvons pas être sélectifs quand la misère et l’exclusion poussent des populations à migrer. Les mairies de Bagnolet, Saint-Ouen, Fontenay, municipalités communiste d’ailleurs, ont œuvré à l’intégration des populations avec plus ou moins de réussite. Mais malgré tout, en s’appuyant sur ces expériences, nous pouvons inscrire une nouvelle page dans le grand livre de la solidarité à Montreuil.
 
Evidemment, sur la forme j’ai beaucoup de regrets quant à la création et à l’élaboration de ce projet. Pourquoi n’avons nous pas été associés aux travaux de la commission qui ont commencé avant l’incendie rue Dombasle, au tout début de votre mandat ?
 
Sur la scolarisation des enfants, sera t-elle effective sur les écoles du Bel Air et des Grands Pêchers (A. France H. wallon) ou répartie sur l’ensemble de la ville pour éviter des effets ghettos ?
 
Y a t-il eu des réflexions avec l’inspection d’académie pour envisager une approche pédagogique différenciée pour que ces enfants puissent cheminer dans l’apprentissage de notre langue sans être en complète contradiction avec la culture du groupe ? Quand je parle de pédagogie différenciée évidemment je n’envisage pas de créer une école Montessori pour les enfants roms de Montreuil. Mais simplement, d’avoir une réflexion avec les professionnels de l’éducation nationale en tenant compte des particularités que leur mode de vie a développé : un sens de l’autonomie très important, un sens de la débrouillardise et de la répartie tout aussi important qui rendent compliqué l’accès au moule éducation nationale. Le but premier est, bien sûr, les apprentissages scolaires, mais il est tout aussi important de faire passer chez ces enfants le désir du savoir pour qu’ils puissent développer un sens critique leur permettant de pouvoir faire des choix.

Il ne s’agit pas pour nous de tomber dans l’angélisme. Nous sommes conscients des difficultés qu’entraîne l’intégration des populations roms dans notre société.  Mais si nous n’essayons pas, à l’heure où l’Europe devient une forteresse, à l’heure où des camps d’attente sont construits aux frontières de l’espace Schengen ; si nous, élus progressistes, n’envoyons pas de signes positifs vers nos populations, si nous laissons persister dans les esprits de nos concitoyens des clichés à forts relents racistes ;  comment  expliquerons nous que nous sommes pour un monde où le partage des richesses doit primer sur la loi du profit, comment expliquerons nous que des alternatives peuvent se dégager pour transformer notre modèle économique sur-consommateur,  qui ne profite qu’à une petite partie de l’humanité et qui bientôt poussera des centaines de milliers de personnes, victimes des désordres économiques et climatiques sur les chemins de la migration.

Plus que jamais, Chers Collègues, notre devoir s’inscrit dans la solidarité.

Stéphan BELTRAN
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