Conseil Municipal du 21 novembre 2013. Débat d’orientations budgétaires

Publié le par Dominique Attia, Stephan Beltran, Murielle Bensaï

Intervention de Dominique ATTIA pour donner la position du groupe des Elus Communistes / FASE

 

C’est donc le dernier débat d’orientations de cette mandature et pour reprendre une chanson de Ferrat : c’est le bilan.

Monsieur Cuffini vient de nous présenter, avec l’enthousiasme et le langage vrai qui le caractérisent, vos orientations pour 2014.

 

Je vais commencer par redire ce que d’autres et moi, avons déjà pu dire :

en fait de débat d’orientations budgétaires, vous proposez un panégyrique de vos activités, dont quelques unes en cours, une liste pour l’essentiel d’actions courantes.

 

Une grande partie de vos investissements passés, rappelons-le, a été financée l’année dernière par un nouveau recours à l’emprunt pour un montant de 43M d’€, 2 ans après avoir augmenté les impôts locaux.

Vous prévoyez l’année prochaine de recourir de nouveau à l’emprunt pour un montant de 38,5M d’€.

 

A ce sujet, vous faites longuement mention de l’opportunité que revêt l’Agence France Locale et de l’adhésion à cette entité.

Mais il faut souligner qu’à ce jour l’émission d’emprunts est fixée dans le meilleur des cas à la fin de l'année 2014. Son apport sera difficilement concret l’année prochaine …

 

Vous êtes tellement mal à l’aise avec cette notion d’emprunt que vous vous sentez obligés de faire tout un paragraphe sur l’ « emprunt théorique », ce qu’il est et ce qu’il n’est pas.

 

C’est qu’à force d’avoir tous azimuts cherché à enfourcher un cheval blanc, vous vous heurtez aux limites de votre discours.

 

Primo, on aura noté que durant tout le mandat, et encore aujourd’hui, vous ne savez faire autrement que de faire référence à ce qui se faisait avant en l’arrangeant à votre sauce.

 

Secondo, vous êtes forcée d’avoir recours à l’emprunt, mais vous ne savez plus comment le dire après vous être tant évertuée à démontrer que vous êtes une saine gestionnaire quand d’autres seraient de vils dépensiers.

 

Ainsi vous soulignez votre gestion, en vous appuyant sur le rapport de la Chambre Régionale des Comptes qui vous écorne pourtant sur de nombreux sujets, notamment vos procédures coûteuses de marchés publics, ou votre gestion du personnel avec des recrutements forts chers payés.

Je voudrai ici rappeler que, pour notre part, la CRC est le bras armé de l’idéologie austéritaire qui plombe l’ensemble du continent européen, le pourfendeur des dépenses publiques, le père fouettard de la rigueur budgétaire.

Aussi, quand vous disiez « la vraie gauche est du côté des valeurs », je commence à douter du sens que vous donniez au terme « valeurs ».

 

Les limites de votre discours se posent aussi rapidement quand vous parlez de l’Etat, des conséquences pour les collectivités et la population de la politique du gouvernement.

 

Oh, vous avez bien écrit un éditorial dans Tous Montreuil il y a quinze jours sur le sujet. Mais avec quelle retenue, avec quelles périphrases pour critiquer, parce que vos amis, comme vos ennemis utiles, ont tous les pouvoirs.

 

Les députés ont voté il y a un mois une réduction des dotations de l’Etat aux collectivités locales d’1,5 milliard d’euros dans le budget 2014, soit 840 millions d’euros en moins pour les communes et établissements intercommunaux.

Il faudra ajouter 3 milliards nouveaux en 2015 ! Et combien encore par an jusqu’en 2017 ?

 

Pourtant, ce n’est pas ce qui vous gêne le plus dans votre édito, ce n’est pas ce que vous remettez en cause.

 

Quelles sont les vôtres, de priorités, dans ce DOB ?

La lecture de votre éditorial nous donne un axe : « renforcer les filets de sécurité et de solidarité sans lesquels une part grandissante des habitants de notre ville – des femmes seules avec des enfants, des jeunes qui peinent à trouver un premier emploi, des personnes âgées isolées aux ressources trop modestes – ne pourraient joindre les deux bouts »

 

Là, la lecture du DOB nous apprend que ce n’est qu’un artifice de communication, un de plus.

 

La situation quelle est-elle ?

Oui, les fins de mois sont de plus en plus difficiles, la recherche d’emploi est un parcours du combattant et le pouvoir d’achat en dégringolade.

Le maintien par le gouvernement du gel du barème de l’impôt qui rend imposables 1 millions de français jusque là exonérés car percevant trop peu de revenus. Combien de montreuillois-es sont concerné(e)s ?

Une nouvelle hausse de la TVA, impôt le plus injuste, qui touche tout le monde, de façon indifférenciée dès le 1er janvier

Un projet de loi sur les retraites qui entérine l’allongement de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein au motif que l’on vivrait plus longtemps. Et ce alors même que la durée réelle de cotisation ne cesse de baisser en raison de l’entrée plus tardive des jeunes sur le marché du travail, et le chômage, la précarité qui frappe toutes les tranches d’âge. Combien de montreuillois-es subiront cette loi régressive ?

Un Accord National Interprofessionnel qui dérèglemente le travail et les plans sociaux s’enchainent. La Seine-Saint-Denis n’est pas exempte …

A quoi s’ajoute, forcément puisque l’on parle des montreuillois, l’augmentation des impôts que vous avez décidé dès 2008.

Alors que l’idéologie libérale resserre son étau sur les peuples, alors que ces récentes décisions gouvernementales ont un impact direct sur les montreuillois-es, nous attendions que dans vos priorités figurent les éléments d’un bouclier social pour nos concitoyens. En matière d’emploi, de santé, de logement, …

Dites-nous donc, madame la Maire quelles sont les mesures particulières que vous comptez prendre, en dehors de l’épicerie sociale dont nous saluons l’activité sur Montreuil, en faveur de celles et ceux qui sont touchées par les politiques européennes et nationales qui prônent rigueur et austérité ?

C’est qu’en réalité, dans ce contexte difficile, vous êtes à la fois prisonnière de votre posture de gestionnaire et de vos choix récents qui plombent vos marges de manœuvres pour répondre aux besoins de la population.

Ainsi, vous n’avez pas su réparer la fracture entre le Haut et le Bas-Montreuil, pas plus que vous n’avez rénové les centres de santé ou créé de nouvel équipement sportif. Vous n’avez pas davantage soutenu les familles en difficulté alors que leur situation et leur nombre s’est aggravé. Vous n’avez pas rendu les espaces publics plus beaux, plus propres. Au contraire, vous en arrivez même, comble de l’absurde, à pérenniser des plans d’urgence !

 

Mais, vous avez augmenté les impôts locaux ; vous vous arc-boutez sur une piscine écologique dont on ne sait quand elle verra le jour et à quel prix, pour quel public ; vous vous êtes entêtée sur le 116 dont on verra très vite le réel attrait.

 

Vous allez vous entêter, contre vents et marées, sur la réforme des rythmes scolaires.

 

Je terminerai sur un point important : le personnel communal.

 

C’est sans doute la partie de ces orientations qui ressemble le plus à une mascarade.

 

Et pour cause, vous avez causé tellement de dégâts au sein de cette administration que vous usez de tous les artifices possibles pour présenter une image positive de votre gestion du personnel.

 

Permettez que l’on rectifie certaines de vos affirmations, qui enjolivent singulièrement la réalité.

 

Vous commencez ainsi par annoncer une amélioration du régime indemnitaire soi-disant « prioritairement pour les bas salaires. » Vous savez qu’il n’en est rien. En réalité, c’est suite à un fort mouvement social en 2010 que vous avez octroyé à tout le monde, j’insiste, pas aux bas salaires, à tout le monde, donc y compris aux plus hauts salaires, une hausse de 30€. !

C’est d’ailleurs ainsi comme il est relevé dans le rapport de la CRC, qu’un des membres du cabinet a pu aussi bénéficier de cette hausse, alors même qu’il n’aurait jamais du touché de RI pendant 2 ans.

Depuis avez-vous revalorisé le RI ? Non. Tout au plus avez-vous accordé quelques miettes, aux secteurs de la petite enfance en grève en février dernier.

 

Puisque je parlais du rapport de la CRC, je voudrais y revenir pour rappeler qu’il signale une évolution marquée durant votre mandat : celle du recours aux contractuels, dont le nombre a été multiplié par deux. Ce n’est pas là résorber la précarité comme vous le prétendez.

 

Précaires, bas salaires ont eu aussi à subir votre décision, incompréhensible pour la femme de gauche que vous voulez incarner, de la mise en place de la journée de carence, là où d’autres collectivités ne l’avaient pas appliquée.

 

Vous citez d’autres exemples de votre politique de RH volontariste. La plupart : aide de rentrée scolaire, mutuelle santé, tickets restaurants, prévoyance, vous oubliez de mentionner qu’ils sont financés sur les plus de 700 000 € que vous avez unilatéralement décidé de retirer de la subvention au Comité des Œuvres Sociales !

 

Enfin, vous parlez d’amélioration des conditions de travail.

On avait déjà remarqué chez vous une certaine propension à réduire cette question aux conditions matérielles du travail. Pourtant, je ne doute pas que les élus CHS et les organisations syndicales vous aient informée que cela incluait aussi la santé mentale des agents.

Or, nous constatons toujours, hélas, au travers des échanges que nous avons avec l’administration, que la souffrance au travail est une réalité qui s’est durablement installée durant votre mandat, que l’absentéisme pour longue maladie semble répandu, qu’il n’y a toujours pas de médecin du travail.

Nous pouvons aussi constater cette réalité à travers la façon dont vous avez géré certaines équipes, je pense au Méliès, ET la Tranquilité Publique et demain, je le crains, au secteur de l’Education, de la propreté de bâtiments, à tous ceux qui auront à subir la mise en œuvre de la réforme Peillon.

 

Dans ce contexte, vos agents ne seront sans doute pas surpris de ne trouver aucune orientation politique visant à la prise en compte globale de leurs conditions de travail.

A l’inverse, ils trouveront une demi page de mesures de fonctionnement, techniques, dont on se demande ce qu’elles viennent faire dans un DOB …


Est-ce là le sens de vos priorités ?

Est-ce la le sens de votre réalité Madame la Maire ?

 

La fonction d’élu certes est de prendre des décisions, d’être en responsabilité comme on dit, devant des situations difficiles, mais n’est-elle pas aussi de porter la nécessité de la subversion, quand tout fait violence ?

Assurément, quand nous lisons ce rapport, nous pouvons nous demander si nous vivons dans le même monde.

A force d’avoir édifié autour de vous une forteresse, voyez vous encore le monde à travers les nuages campée dans votre tour d’ivoire.

 

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